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Apprendre à recevoir, l’exemple de la reconnaissance

Une intro pour vous positionner l’importance de la reconnaissance

La reconnaissance, c’est un besoin essentiel ; et si on se fie «au père» des besoins : Maslow, elle arrive en position dans sa pyramide des besoins fondamentaux puisqu’elle se situe dans les besoins d’appartenant, juste au-dessus des besoins de sécurité. De fait, un manque de reconnaissance est très préjudiciable pour notre équilibre. Et une étude de la CGSST (www.cgsst.com) a même démontré qu’un manque de reconnaissance multiplie par 4 (vous avez bien lu !!) le risque de présenter une détresse psychologique élevée (en gros des symptômes de l’ordre de la dépression).

Dans la vie, nous avons plusieurs occasions de bénéficier de reconnaissance. Il y a la reconnaissance que l’on peut obtenir au travail (collègues, supérieurs, employés, clients, etc.), dans sa vie privée (conjoint, amis, famille, voisin, etc.), la reconnaissance sociale (en fonction généralement de notre statut ou de nos attributs sociaux) et enfin l’autoreconnaissance (la reconnaissance que l’on donne à soi-même).

Cela vous montre le côté incontournable de la reconnaissance et l’importance d’être entouré de personnes reconnaissantes. Toutefois, ce billet ne va pas s’intéresser à celui qui en manifeste, mais plutôt à celui qui reçoit !

Dans le prochain paragraphe, je repositionne le problème du «manque de reconnaissance» sous un autre angle : celui de la réceptivité.

Ainsi, la plupart du temps, c’est un «autre» qui nous donne de la reconnaissance. Nous sommes donc pris dans une situation particulière où, pour satisfaire un besoin fondamental, nous sommes tributaires du bon vouloir d’autrui. À moins d’avoir une excellente faculté à se reconnaître, on s’attend (et c’est bien normal) à ce que ce soit l’autre qui nous verbalise notre valeur. Et qu’arrive-t-il le plus souvent ? Cette reconnaissance n’arrive pas ou trop peu! Et je le concède, dans notre monde plutôt individualiste et inquiet de tout, nous sommes passablement handicapé pour verbaliser le beau et le bon, l’effort et le dépassement chez les autres. J’ai bien mentionné ici «handicapé» et non «inapte» et la nuance est importante. De fait, ce n’est pas que notre entourage n’est pas capable, mais seulement maladroit dans sa façon de nous verbaliser ce qu’il a à nous reconnaître. Dans cette perspective, la question qui se pose alors n’est plus «qui donne ?», mais plutôt «comment je reçois ?».

Ici, le message central du billet commence …

Ainsi, on part toujours du principe que l’autre ne nous reconnaît jamais à notre juste valeur, sans vraiment se pencher sur notre responsabilité là-dedans. Et celle-ci est primordiale! Rappelez-vous que nous sommes dans une société où les individus sont très centrés sur leur nombril respectif. Cela nous pousse à faire deux constats : d’une part, toute personne qui va offrir de la reconnaissance à une autre va le faire avec ce qui la caractérise. Autrement dit, elle va reconnaître de la façon dont elle aimerait être reconnue (verbalement, par courriel, par une personne entreposée, subtilement, etc.) et ce sur quoi elle aimerait qu’on la reconnaisse (si c’est sur son professionnalisme, sa joie de vivre, sa ponctualité., etc.). Et d’autre part, nous-mêmes, en bon judéo-chrétien, nous allons systématiquement minimiser ce témoignage voire dévaloriser (non reconnaître) le témoignage qui nous est fait. De fait, on ne se questionne jamais sur notre façon de recevoir la reconnaissance. Prenez dix secondes pour voir comment vous répondez à un compliment, puis lisez l’exemple qui suit.

Mon amie : waouh ! Tu es super bien habillée aujourd’hui

Ma réponse : oh, tu sais, c’est une vieille robe, je les depuis des années et en plus, je l’avais payé trois fois rien…

Ma réponse bis : (à la blague) ah oui, d’habitude, je suis moche comme un pou ?

Ma réponse ter : pourtant, je me sens tellement boudinée dedans… rien ne me fait en ce moment

Ma réponse 4e (dans ma tête) : elle s’habille tellement mal, elle que c’est loin d’être un compliment !

Vous voyez la logique ? On a bien du mal à accepter la reconnaissance, le message positif que l’autre a à nous donner. Et le pire, c’est que l’on ne l’écoute même pas. On ne prend même pas le temps de savourer en nous la vague de chaleur qu’il procure.

Le pire, est que l’on est tellement centré sur soi que l’on ne parle à l’autre que de ses petits problèmes (je suis moche, grosse, je n’ai pas d’argent, etc.). On n’écoute donc tout simplement pas la reconnaissance qui nous est offerte … alors en manque-t-on réellement ? ou plutôt ne sait-on pas la réceptionner ?

Qui prend le temps de dire ce qu’il ressent vraiment dans ce genre d’échange ? Par exemple : merci, je l’aime aussi beaucoup et je trouve qu’elle me met en valeur. Ou bien : Merci beaucoup… je suis encore un peu gênée, mais je travaille sur moi pour ressentir le bienfait de ton compliment. Je l’apprécie.

Pour terminer, quelques conseils pour apprendre à recevoir

Ainsi, avant de dire que vous manquez de reconnaissance, voici quelques conseils pour aller puiser celle que l’on vous donne, mais que vous ne voyez pas.

Comme nous sommes tous très individualistes, pensez que l’autre vous donne la reconnaissance sur ce qui lui tient à cœur à lui ! Ainsi, les compliments / remerciements / encouragements ne sont pas toujours les plus pertinents pour vous, mais ils sont là quand même. Petit à petit, éduquer votre entourage en leur disant ce qui vous tient à cœur à vous et ce sur quoi vous aimeriez être encouragé.

Par la suite, il est aussi important d’apprendre à recevoir. Pour cela, vous devez d’abord apprendre à faire taire votre humilité mal placée et apprendre à vous mettre dans un état plus vulnérable : celui qui reçoit. En effet, donner est de plus en plus facile et nous place dans une position de pouvoir. Mais recevoir est plus difficile, CAR on se sent tout de suite redevable à l’autre. Une position pénible pour ceux qui aiment ne dépendre de personne !

Ainsi, même si intérieurement cette sensation est inconfortable, il faut apprendre à la ressentir quelques fois pour qu’elle rentre dans votre zone de confort. Le jeu en vaut la chandelle non seulement pour vous, qui allez de par le fait même être plus enclin à prendre la reconnaissance qu’on vous donne, et pour l’autre, à qui vous allez donner une occasion de donner quelque chose à quelqu’un.

Quand on veut ressentir, il est important d’être centré sur soi et sur l’effet que procurent les compliments / remerciements / encouragements de l’autre ! En étant centrés ainsi sur soi, nous sommes moins dans la réaction aveugle pour évacuer la sensation et sommes davantage capables d’offrir à l’autre une réponse authentique.

Alors avez-vous hâte au prochain compliment / remerciement / encouragement pour tenter l’expérience ? À moins que ce soit vous qui fassiez le prochain …

28 réponses

  1. J’aime beaucoup ce post Marie Eve, car c’est tout-a-fait vrai qu’il est très difficile de recevoir un compliment. Cela me rappelle aussi un livre sur le don et le contre-don qui un mécanisme obligatoire pour équilibrer les relations entre les individus. Car savoir recevoir un compliment cela implique savoir en donner, sauf si on est un narcissique, ce qui est un comportement de plus en plus répandu, en particulier en science, voir encouragé dans notre société de plus en plus individualiste (comme tu l’as bien souligné) et tournée vers la performance.
    Aussi peut être que l’incapacité à recevoir un compliment est « pollué » par la peur d’avoir à en donner si on suppose que l’on est pas narcissique ! La bienveillance n’étant plus le facteur régissant les relations entre les individus …

  2. Tout à fait, je suis bien d’accord avec toi. Montrer qu’on n’a pas été trop sensible à un compliment, ferra peut être hésiter la personne à nous demander quelque chose par la suite… je suis comme toi 🙂 Il y a d’ailleurs plusieurs techniques de manipulation qui s’inspirent de ce mécanisme !

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