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La méditation pour les gestionnaires : le couteau suisse pour dénouer les défis épuisants de la gestion. 

La méditation pour les gestionnaires : le couteau suisse pour dénouer les défis invisibles et épuisants de la gestion. 1

Photo de Dorota Dylka sur Unsplash
PS 1: photo non contractuelle d’un gestionnaire zen. C’est pour vérifier votre degré d’humour. 
PS 2: ce titre m’a été inspiré par Jean Pierre Brun qui offrait une formation, à l’époque sur la reconnaissance intitulée : la reconnaissance au travail, le couteau suisse du management. Il avait le sens de la formule. Ici nous allons parler d’une autre compétence… 

Alors, on commence… 

Être gestionnaire est souvent un rêve pour beaucoup. 

Être gestionnaire, c’est peut-être même l’un des plus beaux métiers du monde, puisqu’il est au cœur du développement et de l’épanouissement de l’humain au travail. Et n’est-ce pas Freud qui nous disait que l’on ne pouvait pas être heureux si l’on n’était pas heureux au travail ? En même temps, avouons-le, travailler avec des êtres humains, dans un carcan structuré comme une organisation, peut tellement être exigent (et décourageant à l’occasion).

La gestion est d’ailleurs reconnue pour être un monde exigeant pour de multiples raions. J’en citerai deux : le gestionnaire a parfois été promu à ce poste pour ses compétences sur la tâche et n’a donc pas à ce titre les connaissances pour gérer des personnes et leur psychologie; et bien souvent, il est aux prises avec ce que l’on appelle les exigences opposées.

Le plus beau métier du monde, oui, mais exigent et complexe !

Les exigences opposées.

Ce sont des tâches qui requièrent des compétences opposées. Sans faire une démonstration complète en lien avec le PODC, je peux vous donner un exemple rapide de ce que sont les exigences opposées : maîtriser l’art de manier les chiffres dans Excel est une compétence opposée à l’art de résoudre un conflit relationnel. Ce sont des tâches opposées non seulement au niveau des compétences, mais aussi au niveau des ressources intérieures pour y arriver : le premier nécessite un apprentissage linéaire et didactique, alors que le deuxième puise dans des ressources personnelles et intrinsèquement liées à sa propre personnalité (ex. empathie, capacité à s’affirmer, etc.).

Elles sont aussi opposées au niveau de la mobilisation des zones et des ondes cérébrales : la première requiert d’être en ondes bêta (voir aparté) alors que la deuxième requiert des ondes alpha.

Et ces exigences opposées cohabitent constamment dans l’horaire de travail du gestionnaire. Elles peuvent être source de fatigue et de perte de sens. Il est d’ailleurs plus difficile de «sortir» des ondes bêtas pour se replacer en alpha, faisant en sorte qu’une fois que l’on est en mode concentration, focus et performance, il est alors plus difficile de revenir dans un mode plus créatif et empathique.

Explication rapide et fonctionnelle des ondes du cerveau

Une profession complète

Le gestionnaire choisi et élu pour la fonction est bien souvent un professionnel doué dans son domaine qui a justement été promu pour son professionnalisme à la tâche. Et l’ironie est qu’il se retrouve dans une position où il doit accorder moins de temps et d’énergie dans le domaine où il excelle afin de les réemployer dans la gestion des personnes, et ce :

  • Sans avoir forcément eu des formations sur la psychologie des personnes et des groupes;
  • Sans avoir forcément réalisé un travail d’introspection et de connaissance de soi qui est nécessaire pour créer cette empathique et cette sensibilité à l’autre;
  • Avec la pression invisible de savoir qu’il est la clé de voûte de la rétention des personnes dans son équipe. Je ne déroulerai pas d’argumentaire sur la question de l’attraction et la rétention… car j’imagine que vous voyez les implications.

Le gestionnaire, surtout intermédiaire est aussi dans une position où l’on veut TOUT de lui. Il est bien souvent coincé entre l’arbre de la haute direction et l’écorce des besoins de son équipe, qui encore une fois peuvent amener des exigences opposées.

Et la pression que cette position lui fait faire le grand écart entre sa capacité d’adaptation et son éthique personnelle. Et ce sont, bien souvent, les gestionnaires les plus empathiques et centrés sur l’humain qui se sentent les premiers découragés, en perte de sens et finalement épuisés.

Bref, je m’arrêterai là sur le portrait, car mon but est d’en arriver rapidement aux solutions…

La méditation à la rescousse pour développer la P.

Je parle abondamment de la méditation au travail dans cet article, si vous ne l’avez pas encore lu, vous irez faire un tour, car c’est un incontournable… mais pour vous mettre rapidement à niveau, je pourrai résumer en vous disant que la méditation est un entraînement de l’esprit tout comme le sport est un entraînement pour le corps.

Il y a la méditation formelle qui nous amène à nous arrêter une fois par jour sur son coussin, sa chaise de bureau ou son fauteuil. Je l’appelle le mini laboratoire pour apprendre à développer les qualités qui seront cruciales pour son bien-être le 23h45 où l’on ne médite pas.

Maintenant, permettez-moi de faire deux liens entre la méditation et la pratique de la gestion. On va parler du stress et de la présence. On va voir comment notamment un gestionnaire moins stressé est un gestionnaire moins stressant et comment la compétence de la présence est l’atout stratégique sous-estimé pour gérer des personnes.

Continuez à lire, cela vaut vraiment le coup !

 La méditation pour les gestionnaires : le couteau suisse pour dénouer les défis invisibles et épuisants de la gestion. 2

Stress et méditation

C’est peut-être le lien le plus évident.

Il n’est plus à faire la démonstration de la capacité de la méditation pour contribuer à apaiser le stress. Et quand on sait que le stress est à la racine de nombreuses maladies cardio-vasculaires, dermatologiques, digestives, gynécologiques, psychiatriques et immunitaires (source Passeport Santé), on ne peut que chercher à s’en débarrasser.

Un gestionnaire qui médite devient donc un gestionnaire moins stressé et donc moins stressant pour ses troupes et sa famille. En effet, saviez-vous que le stress est contagieux? Et qu’il suffit d’être en présence d’une personne stressée pour ne plus se sentir serein ?

Lors de mes conférences que je donne les statistiques en lien avec le stress et la méditation, j’ai souvent une objection ! Le stress est nécessaire pour être sur le qui-vive et être mobilisé dans toute la complexité. La réponse est oui, et la méditation ne vous fera pas perdre vos ressorts. Elle vous rendra juste moins malade du stress au travail.

La méditation ne vous rendra pas amorphe ou mou. Elle ne vous obligera pas à tout accepter de manière passive. Elle vous permettra au contraire de ne plus être un esclave en étant plus courageux pour adresser une situation qui n’a pas de sens, des dysfonctionnements, une discussion, etc. D’ailleurs, la lionne qui chasse est en pleine conscience … est-elle molle et amorphe pour autant ?

On passe maintenant à l’étape d’après, celle du développement de la P.

La compétence unique du gestionnaire humain (la P.)

Je vais vous raconter une petite histoire. Il y a 15 ans, j’ai œuvré pendant près de 10 ans dans une chaire de recherche en santé psychologique au travail (à l’université Laval- CGSST). L’approche privilégiée était une approche psychodynamique. Ainsi, on cherchait à savoir pourquoi une personne en santé mentale tombait malade en travaillant dans l’organisation X ou Y . On s’intéressait alors aux pratiques de gestion, aux pratiques de travail et à l’environnement de travail – donc à des dimensions qui sont extérieures à la psychologie de la personne en détresse.

Une grande partie de cette détresse était tributaire de mauvaises compétences ou d’un manque de connaissance en gestion des personnes. Celles-ci pouvaient recouper le manque de soutien, un manque de reconnaissance, des difficultés à estimer une juste charge de travail, l’ambiguïté des rôles au sein de l’équipe, le défaut de participation aux décisions, etc.

Bien sûr, pour pallier ces lacunes, on offrait de la formation à ces gestionnaires. J’ai, par exemple, donné des formations partout au Québec et en France sur la reconnaissance au travail et la conciliation travail-vie personnelle (j’ai même co-écrit trois guides sur le sujet avec I. Létourneau et L. Chrétien). Ces formations étaient nécessaires, mais il manquait toutefois un petit quelque chose pour que la mayonnaise prenne. 

À très court terme, les graines de la formation faisaient des miracles et tous comprenaient parfaitement les concepts et les exercices proposés. Par contre, sur la durée, il y avait une embûche de taille qui ne pouvait pas être couverte par la formation : en effet, si les gestionnaires n’avaient minimalement pas l’empathie pour ressentir les besoins de l’autre et y répondre avec justesse, ces outils ne servaient à rien. Et développer l’empathie en quelques heures est impossible. 

Le problème était en amont.

La méditation pour les gestionnaires : le couteau suisse pour dénouer les défis invisibles et épuisants de la gestion. 3

Alors, comment développer cette empathie ? Cette connexion à eux-mêmes pour minimalement ressentir ce qui n’est pas dit? Et surtout quelle est cette compétence de laquelle découlent toutes les autres ? Quelle est cette compétence sans laquelle toutes les belles formations en gestion des personnes deviennent caduques ou du moins ne sont jamais exprimées dans leur vrai potentiel ?

Suspens…

Comment et pourquoi développer cette Présence ?

La réponse est simple : par la méditation de pleine conscience. Par une pratique quotidienne (ou presque) d’une dizaine de minutes de méditation de pleine conscience.

Dans le monde de la gestion et de la santé des personnes, la pleine conscience va avoir la capacité de se voir aller, en conscience, et en ce sens de venir amplifier des qualités intérieures / compétences qui seraient impossibles à consolider sans elle.

Sans en faire une liste définitive, je pourrai dire que la pleine conscience va venir directement consolider les pratiques de gestion en lien avec la santé des personnes, par exemple :

  • En se connectant à son ressenti, par le jeu des neurones miroirs, le gestionnaire va être en mesure de mieux capter les émotions des personnes de son équipe;
  • en sentant – au-delà des mots- les besoins de son équipe – le gestionnaire va donc être en mesure de donner le bon type de soutien (écoute, aide, information, reconnaissance, etc.)
  • en reconnaissant, avec plus de justesse, les humains de son équipe;
  • en étant en mesure de mieux fixer ses limites et communiquer clairement ses besoins;
  • en étant en mesure de mieux réguler toutes ces émotions désagréables qui polluent les relations : irritabilité, colère, impatience, etc.;
  • en étant en mesure d’apprécier les échanges avec un collègue, sans se laisser happer par le discours intérieur et toujours pressé de son petit hamster mental;
  • en étant capable de mieux voir et déjouer les jeux invisibles et enjeux qui se trament dans l’équipe;
  • en étant, bien évidemment moins stressé et donc en stressant moins ses équipes;
  • en étant mieux capable de gérer ses pensées parasites, source de souffrance ou d’éparpillement;
  • Et ce ne sont que des exemples…

Vous comprendrez donc qu’il y a là un super pouvoir – si je peux me permettre- qui va rendre le gestionnaire plus conscient de ce qui contribue à sa vraie réussite :  santé, sens et rétention.

Cette présence se développe donc par la pleine conscience : elle ne se réfléchit pas, mais s’entraîne par une pratique intègre de la méditation quotidienne. Et cette pratique n’a pas besoin d’être titanesque, un gros 11 à 13 minutes par jour démontre déjà des bienfaits, selon la science.

Pour vous aider, concrètement

Si vous souhaitez découvrir la méditation, je serai ravie de vous faire une initiation à vous et votre équipe (me contacter ici). Si vous êtes déjà convaincu et que vous souhaitez apprendre à bien méditer, j’ai créé un cours incroyable sous forme de podcasts (pas besoin donc d’être devant votre écran) pour tout comprendre et bien pratiquer la pleine conscience (c’est ici). Si vous méditez déjà et que vous en êtes à l’étape de développer votre leadership conscient (que j’appelle leadership intérieur), c’est ici.

Je ne suis pas loin si vous avez des questions ou des commentaires en lien avec cet article.

Maintenant, si vous voulez aller plus loin, j’ai pensé vous proposer un article sur une application encore plus concrète de la pleine conscience par le biais de ce que j’ai appelé du quatuor conscient du gestionnaire humaniste. C’est un article qui présente les 4 compétences incontournables et centrales pour créer un milieu de travail empathique et plein de sens. Lire l’article va suivre d’ici cet automne.